lundi 16 juillet 2012

Vague dominicale

Koné nombreux le dimanche matin dans nos petites surfaces!  Les magasins se sont adaptés, renonçant à leur jour béni de repos, et ouvrent dorénavant leur porte.  Mais attention à la vague qui déferle...vaut mieux se pointer tôt pour notre baguette ou s'armer de patience.  Ci-dessous un copier-coller d'un article paru dans les Nouvelles calédoniennes, édition du 9 juillet 2012.



Koné. La lente cohabitation avec les travailleurs étrangers de Vavouto

La vague asiatique du dimanche

Le phénomène est d’ampleur et ne passe pas inaperçu. Chaque dimanche, plusieurs centaines de travailleurs étrangers en provenance de Vavouto débarquent dans le village. Après la surprise des premiers mois, les gens s’habituent à ces visages.


Marielle et ses crêpes attisent la curiosité des travailleurs asiatiques.


Les yeux de chaque client s’écarquillent à l’entrée des magasins du village. Quelle surprise de voir autant de monde un dimanche matin ! Au moins trente personnes patientent à chacune des files d’attente des caisses. Et pratiquement que des visages inconnus. « Je suis venue simplement pour acheter une bouteille de jus d’orange pour mon petit-déjeuner, mais si ça continue, ce sera pour mon goûter », ironise Lucie qui vit à Koné depuis 5 ans et n’avait jamais vu autant de monde.
Ce n’est sans doute pas les commerçants qui vont se plaindre de cette grande affluence dominicale due à la venue en masse de travailleurs étrangers de Vavouto. En une matinée, le chiffre d’affaires est l’équivalent d’une journée en semaine.

Autobus:  Ces Asiatiques, Coréens, Philippins ou encore Chinois, ne passent pas inaperçus dans le village. Ils sont acheminés par des autobus affrétés par KNS jusqu’à Koné, en cet unique jour de repos pour eux. Toutes les trente minutes, un nouveau convoi arrive avec une cinquantaine de travailleurs à son bord.
Les trois à cinq cents Asiatiques passent alors cette journée de détente dans le village, à l’aire de repos ou à la plage. « Il y en a même qui se baignent dans la rivière », s’étonne Gaston qui, pour rien au monde, ne mettrait les pieds dans cette eau sale, « mais il faut bien qu’ils s’occupent, ils sont loin de leur famille. »
On les voit en effet déambuler, ils se risquent à quelques petits « coucou » de la main. « Ce n’est pas facile de parler avec les gens d’ici », souligne Angelo. Bien sûr, il y a la barrière de la langue. Les Philippins se débrouillent bien en anglais, ce qui n’est pas le cas des autres populations asiatiques, mais aucun ne parle plus de trois mots en français. Les commerçants notent néanmoins quelques « Bonjour ! », mais l’échange reste limité. Et, bien entendu, il y a ce fossé culturel qui sépare les Calédoniens de ces travailleurs.
Il suffit d’observer l’air étonné que des Coréens prennent devant la marchande de crêpes. Certains n’hésitent pas à sortir l’appareil photo pour immortaliser ce drôle de mets. D’autres s’y risquent, et goûtent avec satisfaction.

Communication:  A l’inverse, on voit les Calédoniens surpris par le rythme effréné de ces Asiatiques lorsqu’ils entrent dans un magasin pour acheter de la nourriture et des boissons. « Ils ont tendance à bousculer », se plaint cette femme, « et parfois, ils nous doublent dans la file d’attente ! » Les clins d’œil aux jeunes filles ne sont pas non plus du goût de tout le monde. Pas facile de s’apprivoiser les uns les autres.
Les Calédoniens sont finalement peu nombreux à tenter de tisser des liens. Il y a tout de même quelques exceptions, à l’image de Jean-Noël qui souligne son avantage : « Nous travaillons tous les jours ensemble à Vavouto, on apprend donc à se connaître. » La communication se fait par gestes ou en anglais et, le dimanche, « on se retrouve parfois à la plage de Foué autour d’un verre. Et puis, on parle un peu de nos coutumes, mais on échange surtout sur notre travail. »
Les habitants de Koné s’habituent peu à peu à cette vague asiatique dominicale. S’il y a quelques mois les critiques pleuvaient, aujourd’hui, chacun se tolère. Mais il semble que les relations n’iront pas plus loin avant le départ de ces travailleurs, prévu en fin d’année.

KNS joue les médiateurs

L’attitude des travailleurs asiatiques dans les villages de Koné et de Voh a fait grincer des dents chez les locaux. Face à ces réactions hostiles, KNS a décidé de mettre en place le comité social de Koniambo. « A l’origine, il a été initié après le fait divers de la fin de l’année. On a senti un besoin de la population d’échanger avec nous sur les problématiques liées notamment à l’alcool et à la présence de travailleurs étrangers », explique Jean-Louis Tychjepach, en charge des relations externes. Ce comité composé des trois communes et d’associations de VKP se réunit tous les deux mois environ. « La population nous a fait remonter des problèmes d’attitude, de manque de politesse, de comportements déplacés envers les femmes », décrit Jean-Louis Tychjepach.
Un ressenti accentué par le nombre important de travailleurs asiatiques dans ces deux communes le week-end. « Nous avons donc décidé de mettre en place des médiateurs qui informent les travailleurs sur les manières de faire, la bonne marche à suivre. » « Les Philippins nous répètent souvent qu’ils ne comprennent pas l’attitude des Calédoniens envers eux alors qu’ils sont là pour aider à construire un projet important pour le pays », souligne-t-il. Ces initiatives semblent avoir détendu l’atmosphère et KNS cherche actuellement un terrain pour que ces travailleurs puissent se réunir autour d’un barbecue.

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